Femme heureuse avec des billets d'avion

Abandonner son emploi pour voyager : est-ce une bonne décision ? 

Abandonner son emploi pour voyager : est-ce une bonne décision ?

Avez-vous déjà ressenti cette envie irrépressible de quitter votre emploi pour parcourir le monde ? Ce désir de rompre avec le quotidien professionnel pour explorer de nouveaux horizons séduit de plus en plus de Français. Entre épuisement professionnel, quête de sens et influence des réseaux sociaux, l’idée d’abandonner son poste pour voyager s’est progressivement transformée en véritable phénomène sociétal. Mais au-delà du rêve d’évasion, cette décision implique de nombreuses conséquences qu’il convient d’analyser avec lucidité. Et si cette pause était finalement l’occasion de changer de métier et de réinventer votre vie professionnelle ?

Pourquoi de plus en plus de personnes envisagent de tout quitter pour voyager ?

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend aujourd’hui une ampleur inédite. En France, les démissions ont atteint des records après la crise sanitaire, et nombreux sont ceux qui citent l’envie de voyager parmi leurs motivations. Cette tendance à quitter son emploi pour explorer le monde s’explique par différents facteurs qui méritent d’être explorés.

Une quête de sens face au mal-être professionnel

Le mal-être au travail touche aujourd’hui près d’un tiers des salariés français. Derrière l’envie de partir se cache souvent une profonde insatisfaction professionnelle. Burn-out, bore-out, brown-out : ces différentes formes d’épuisement professionnel poussent de nombreux travailleurs à envisager une rupture radicale.

Le sentiment de s’engager dans des “bullshit jobs” (emplois vides de sens) alimente également cette lassitude. Beaucoup se demandent : “À quoi bon consacrer la majorité de mon temps à des tâches qui ne me correspondent pas ?” Cette remise en question peut conduire à l’idée qu’il est temps de quitter son emploi pour retrouver du sens.

Le mythe du voyage salvateur : fuite ou déclic ?

Le voyage est souvent perçu comme une solution miraculeuse à nos problèmes, une parenthèse enchantée qui permettrait de tout résoudre. Cette vision idéalisée mérite d’être nuancée. S’agit-il d’une simple fuite en avant ou d’un véritable catalyseur de changement ?

Pour certains, le voyage représente un espace d’exploration personnelle indispensable, un moment de liberté permettant de se reconnecter à l’essentiel. Pour d’autres, il s’apparente davantage à une échappatoire temporaire qui ne résout pas les problèmes fondamentaux liés à leur situation professionnelle.

La psychologue Marie Delorme explique : “Voyager peut être thérapeutique, mais cela ne remplace pas un véritable travail d’introspection sur ses aspirations profondes. L’important est de partir avec les bonnes attentes et non avec l’idée que le voyage sera magiquement réparateur.”

L’impact des réseaux sociaux sur cette envie de rupture

Il est impossible d’ignorer l’influence des réseaux sociaux sur cette tendance. Instagram et YouTube regorgent d’influenceurs voyageurs qui partagent leur quotidien idyllique aux quatre coins du monde. Ces récits de vie nomade, souvent embellis et partiellement réels, nourrissent nos fantasmes d’évasion.

Le nomadisme digital est présenté comme un idéal accessible : travailler depuis une plage de Bali ou un café de Medellín tout en gagnant confortablement sa vie. Mais derrière ce storytelling séduisant se cache une réalité souvent moins glamour : précarité, difficultés administratives et solitude.

Quitter son emploi pour voyager : les implications concrètes à connaître

Si vous envisagez sérieusement de quitter votre emploi pour partir à l’aventure, il est essentiel de comprendre les conséquences concrètes de cette décision sur votre vie professionnelle, financière et personnelle. Une préparation minutieuse s’impose pour éviter les déconvenues.

Démission, rupture conventionnelle, congé sabbatique : que dit le droit ?

Plusieurs options s’offrent à vous pour réaliser votre projet, chacune avec ses avantages et inconvénients :

  • La démission : Solution radicale qui vous libère immédiatement mais vous prive de droits au chômage. Elle implique un préavis à respecter (généralement 1 à 3 mois selon votre convention collective).
  • La rupture conventionnelle : Accord à l’amiable avec votre employeur qui vous permet de percevoir des allocations chômage. Cette option n’est pas un droit et peut être refusée par l’entreprise.
  • Le congé sabbatique : Permet de suspendre temporairement votre contrat (de 6 à 11 mois) tout en conservant votre poste. Conditions requises : 6 ans d’activité professionnelle et 3 ans d’ancienneté dans l’entreprise.
  • Le congé sans solde : Solution plus souple mais entièrement soumise à l’accord de votre employeur, sans cadre légal spécifique.

Conseil juridique : avant de quitter votre emploi, renseignez-vous précisément sur vos droits. La rupture conventionnelle reste l’option la plus sécurisante financièrement, mais elle nécessite l’accord de votre employeur et peut affecter vos relations professionnelles futures.”

Ce qu’on ne vous dit pas sur le retour à la réalité

Le voyage a une fin, et le retour peut s’avérer compliqué. Plusieurs aspects méritent votre attention :

  • Les trous dans le CV : Comment expliquer cette période sans activité professionnelle ? Les recruteurs sont de plus en plus ouverts à ce type d’expérience, à condition qu’elle soit valorisée comme un atout (compétences interculturelles, adaptabilité, apprentissage de langues).
  • La réadaptation culturelle : Le “contre-choc culturel” est souvent plus difficile à gérer que le choc culturel initial. Retrouver ses repères dans son pays d’origine peut prendre du temps.
  • L’impact financier : Comment rebondir après avoir épuisé ses économies ? Prévoyez toujours une réserve financière pour votre retour.

Thomas, 34 ans, témoigne : “Après un an en Asie, revenir dans le système français a été plus compliqué que prévu. J’avais idéalisé mon retour et sous-estimé le temps nécessaire pour retrouver un emploi stable.”

Préparer un projet de vie plutôt qu’une simple évasion

Pour que cette expérience soit véritablement enrichissante, il est préférable de l’inscrire dans un projet global. Quitter son emploi uniquement pour fuir ne résout généralement pas les problèmes sous-jacents. En revanche, partir avec un objectif clair peut transformer cette période en véritable tremplin.

Ce voyage pourrait être l’occasion de réfléchir à votre avenir professionnel. Peut-être est-il temps de changer de métier pour vous orienter vers une activité plus alignée avec vos valeurs ? Cette période de transition peut devenir un moment privilégié pour clarifier vos aspirations et définir un nouveau cap.

Et si ce départ était une transition vers une nouvelle vie professionnelle ?

Au-delà de la simple parenthèse, votre voyage peut devenir le catalyseur d’une profonde transformation professionnelle. Cette perspective donne un sens supplémentaire à votre démarche et facilite la réintégration future.

Le voyage comme révélateur de ses aspirations profondes

Loin du cadre habituel et des pressions quotidiennes, le voyage offre un espace de liberté propice à l’introspection. Cette distance avec votre environnement familier permet souvent de faire émerger vos véritables aspirations.

Sophie, ancienne comptable reconvertie en guide de montagne, raconte : “C’est lors d’un trek au Népal que j’ai compris que je ne voulais plus passer mes journées devant un écran. Cette révélation a complètement changé ma trajectoire professionnelle.”

Les expériences vécues en voyage, les rencontres et les défis relevés sont autant d’occasions de découvrir de nouvelles passions ou de confirmer des intuitions. Certains décident de quitter leur emploi pour voyager sans but précis et reviennent avec un projet professionnel clair et motivant.

Se réinventer professionnellement grâce à l’introspection

Le voyage favorise une forme d’introspection particulièrement féconde. Confronté à l’inconnu, vous développez naturellement des compétences précieuses : adaptabilité, résolution de problèmes, communication interculturelle, autonomie.

Ces aptitudes, une fois identifiées et valorisées, peuvent constituer le socle d’une nouvelle orientation professionnelle. Certains voyageurs découvrent une vocation dans l’entrepreneuriat, l’enseignement, l’humanitaire ou encore le développement personnel.

L’expérience du voyage peut également révéler des modes de vie alternatifs et des approches du travail différentes, inspirant de nouvelles voies professionnelles : freelance, entreprise à impact, économie sociale et solidaire, projets collaboratifs.

Femme qui voyage après avoir quitter son job

L’importance d’un accompagnement dans cette phase de transformation

Pour transformer efficacement cette expérience en projet professionnel viable, un accompagnement structuré peut s’avérer déterminant. Plusieurs options s’offrent à vous :

  • Le bilan de compétences : Démarche encadrée permettant d’identifier vos forces, vos motivations et de définir un projet réaliste.
  • Le coaching de transition professionnelle : Accompagnement personnalisé pour clarifier vos objectifs et mettre en place un plan d’action concret.
  • Les formations qualifiantes : Pour acquérir les compétences nécessaires à votre reconversion.

La clé réside dans votre capacité à transformer cette période de voyage en véritable projet de vie. Au lieu de simplement quitter votre emploi pour fuir, envisagez cette étape comme une transition constructive vers un avenir professionnel plus aligné avec vos aspirations profondes.

Une décision personnelle qui mérite réflexion

Abandonner son emploi pour voyager n’est ni une bonne ni une mauvaise décision en soi. Tout dépend de votre situation personnelle, de vos motivations et de votre capacité à transformer cette expérience en opportunité de croissance.

Si vous ressentez ce besoin impérieux de partir, prenez le temps de structurer votre projet. Interrogez-vous honnêtement sur vos motivations : fuyez-vous quelque chose ou allez-vous vers un objectif constructif ? Préparez votre départ mais aussi votre retour, notamment sur le plan financier et professionnel.

N’hésitez pas à vous faire accompagner dans cette réflexion. Des professionnels peuvent vous aider à changer de métier et à transformer cette envie de voyage en véritable projet d’évolution personnelle et professionnelle.

Quelle que soit votre décision, rappelez-vous que le voyage n’est pas une fin en soi mais un moyen de vous reconnecter à vos aspirations profondes et, peut-être, de réinventer votre vie professionnelle.

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