Un pêcheur professionnel est traditionnellement appelé marin-pêcheur. Il fait partie d’un équipage ou navigue seul sur un bateau ayant obtenu un Permis de Mise en Exploitation (PME).
En France, il existe près de 5000 navires (chalutier, fileyeur, senneur ou caseyeur) déclarés qui pratiquent une pêche industrielle ou artisanale.
Et, environ 20 000 marins pêcheurs auraient embarqué sur ces flottes au moins une fois dans l’année, selon les statistiques de l’Ifremer.
Les produits issus de la pêche sont ensuite débarqués à la criée pour être sélectionnés par les mareyeurs qui distribueront les marchandises à leurs clients. (restaurateurs, poissonniers, grandes surfaces, grossistes agro-alimentaires)…
Histoire d’un métier rude et astreignant
Une ère nourricière
Depuis toujours, le procédé de la pêche était utilisé par les homo sapiens. À la préhistoire, il a été prouvé que les hommes s’alimentaient en chassant des poissons avec des armes taillées à la main. (Harpons, javelots, gourdins, nasses et petits hameçons…)
Ce sont les fouilles archéologiques qui ont permis de mettre en lumière ces outils mais aussi des restes d’animaux marins (arêtes, écailles, ossements…) découverts en bord de mer.
De plus, les recherches préhistoriques ont pu analyser les produits les plus présents mais surtout les plus pêchés de l’époque.
Les poissons migrateurs (anguille de mer, saumon, truite de mer…) étaient les plus pêchés. Ils ont été retrouvés peints dans un réalisme déconcertant dans les grottes du Sud-Ouest de la France (devenues des stations balnéaires).
Cependant, il semblerait qu’ils ne soient pas choisis par rapport aux préférences alimentaires, mais plutôt par le fait qu’ils soient plus faciles à pêcher.
De l’antiquité aux temps modernes
Quelques siècles plus tard, les pêcheurs se sont perfectionnés avec des modes et des moyens de piégeages encore plus puissants.
Dans les Balkans et la Grèce Antique, le poisson est devenu un aliment de base pour une grande partie des peuples. La pêche devient une activité de subsistance qui est attribuée à une partie de la population au faible statut social.
Voyant le pouvoir économique de la filière, la pêche laisse place progressivement à une activité commerciale où des flottes se constituent pour partir au large.
Au XVIIeme siècle, la morue (cabillaud) est le poisson le plus commercialisé en Europe. Il est échangé, transformé et agrémenté de la Norvège au Portugal.
Mais ce n’est qu’au XIXème siècle, que les produits de la mer et la pratique de la pêche deviennent des privilèges. En France, des communautés élitistes de pêcheurs sportifs se constituent. Ils partent en bateau à la recherche de poissons dits “nobles” (saumon, bar) pour remplir les buffets. C’est la démocratisation de la pêche à la ligne.
À chaque bateau de pêche, une organisation différente
Types de navigations
De nos jours, les conditions de vie à bord des navires sont très différentes selon l’activité. Il existe 4 grandes excursions possible :
- La petite pêche dont la durée est de moins de 24 heures ;
- La pêche côtière qui prend fin sous 4 jours ;
- La pêche au large (pêche hauturière) peut s’étendre sur près de 15 jours ;
- La grande pêche dont la navigation est supérieure à 20 jours ;
La petite pêche ne demande pas un bateau fortement équipé, ni un équipage conséquent. Toutefois, le pêcheur peut effectuer de très beaux débarquements en chassant à la ligne des espèces locales.
La pêche au large et la grande pêche est beaucoup plus exigeante tant au niveau des navires que de l’équipage. Les navires peuvent mesurer jusqu’à 150 mètres et possèdent des cales à poissons disposant d’ateliers de préparation et des congélateurs. Les portiques extérieurs sont volumineux et les treuils sont indispensables.
Sur ces bateaux, l’équipage doit être très expérimenté et être capable de vivre en promiscuité. Il est généralement composé de 7 à 8 personnes (principalement des hommes) qui travaillent à toute heure de la journée. Il s’échelonne par tranches de quatre heures, de jour comme de nuit (travail par quart).
Une hiérarchie carrée
Le patron pêcheur est le marin le plus qualifié mais avant tout un véritable chef d’entreprise. Généralement, il possède l’embarcation qu’il gouverne en étant responsable de l’ensemble de la flotte. (Équipage, navire, produits remontés lors de la pêche). Le capitaine de pêche connaît les côtes comme sa poche.
Son rôle principal est de diriger l’expédition, choisir les lieux de pêche et effectuer les manœuvres à la perfection pour obtenir les meilleures captures.
Il doit se conformer à un code de sécurité et à des normes réglementaires (maillages de filets, tailles et espèces de poissons…). Il doit aussi savoir prendre des décisions concrètes et rapides.
De son côté, le mécanicien assure le bon fonctionnement des machines propulsives et de ses auxiliaires. La sécurité mécanique repose sur ses épaules.
Une fois que la bateau est en place, c’est aux marins-pêcheurs d’agir. Le matelot manie différents engins de pêche pour capturer les produits de la mer. (Filets, casiers, treuils…)
Une fois qu’il a remonté la pêche sur le pont, la marin-pêcheur calibre les espèces, les trie, les couvre de glace puis les glisse dans la cale à poissons.
En pêche industrielle, le rôle du matelot est encore plus poussé. Il doit laver le poisson, le préparer (couper la tête, vider les viscères), puis le congeler.
Toutes ses activités sont effectuées sous la contrainte des conditions météorologiques. Houle, mouvements lancinants, vent, nuit noire, humidité, bruit ambiant des moteurs, odeurs… Et toujours l’angoisse de rentrer à vide !
Une paie à la hauteur de l’activité
Depuis le XIXème siècle, le système de rémunération des marins-pêcheurs reste inchangé. Leur salaire est calculé à partir du chiffre d’affaires réalisé lors de la vente des captures.
Quand l’océan est généreux, et que les cours de vente des produits sont élevés, le salaire est très attractif.
En règle générale le chiffre d’affaires est divisé en deux :
- 50% est attribué au bateau (Entretien global : Essence, huile, appâts, glace… et frais portuaires : Taxes de criées, portuaire, de débarquement…)
- 50% revient à l’équipage qui est rémunéré à la part (Traditionnellement le capitaine prend 2 à 3 parts, le mécanicien 1,5 part, et les marins-pêcheurs 1 part chacun). Le salaire à la part varie suivant le type de pêche.
Contrairement à la pêche artisanale, la pêche industrielle dispense un salaire minimum garanti à chacun des membres de son équipage. Une prime supplémentaire est décernée en fonction de la productivité du navire. (Intéressement à la vente).
Quel est le rôle du marin-pêcheur sur un navire ?
Conditions de vie
Métier éprouvant aussi bien physiquement que moralement, être marin-pêcheur c’est avant tout être polyvalent, résister au stress et avoir un esprit solidaire.
Il est sollicité pour des départs en mer pouvant durer quelques jours voire plusieurs semaines. De ce fait, il est souvent éloigné du cocon familial en étant constamment déconnecté de la vie à terre.
En mer, le marin-pêcheur subit des cadences très soutenues. Dans l’océan Atlantique, il est accentué par le flux des marées. Ce rythme les oblige parfois à ne pas dormir durant plusieurs jours consécutifs.
Pour les petits bateaux côtiers, les journées peuvent aussi paraître très longues. Le départ du port s’effectue toujours entre 4 et 5 heures du matin pour revenir le soir, aux alentours de 16 heures 30.
À bord, le matelot doit apprécier la discipline, être vif et autonome. Un chalutier pêche environ 1 tonne de poissons par jour qu’il faut traiter dans la foulée. Les produits doivent être stockés rapidement tout en gardant à l’esprit des normes de sécurité.
Ce poste peu convoité est pourtant l’un des plus importants de l’économie maritime.
Un métier couteau-suisse
Malgré des cadences infernales, sur les gros chalutiers des pêches en haute mer, marins se répartissent le travail. À tour de rôle, ils accomplissent :
- Le roulement du portique pour jeter les filets ;
- Remonter la drague et les casiers à l’aide du treuil ;
- Pivoter les mailles pour décharger la pêche et retirer les poissons bloqués ;
- Trier, laver, vider et mettre en caisse les poissons qui partent à la cale (bateaux de pêche industrielle uniquement) ;
- Peser, et étiqueter les produits de la pêche ;
- Couvrir les produits de glace et les ranger par lots ;
De retour à terre, les marins débarquent le fruit de leur pêche pour les valoriser auprès de la criée et des mareyeurs.
Au-delà de gérer les palangres, remonter les filets et poser les casiers, le matelot doit aussi être apte à les réparer entre deux sorties en mer.
Dans les lycées maritimes et aquacoles, ce sont les bases enseignées aux futurs marins.
- Réparer un casier éventré ;
- Ramender un filet ;
- Traiter la rouille ;
- Poncer, peindre, et nettoyer le pont du bateau…
Comment devenir marin-pêcheur et plus encore…
Autrefois, le métier de marin pêcheur se transmettait entre passionnés, de père en fils. Aujourd’hui, il faut avoir validé au moins un CAP pour pouvoir mettre le pied sur une embarcation.
Pour devenir marin-pêcheur, il existe une formation complète et spécialisée. Elle peut être réalisée en alternance lorsqu’elle est dispensée dans l’un des douze lycées professionnels maritimes de France.
Par la suite, le matelot peut se former tout au long de son apprentissage pour gravir les échelons. Un brevet de technicien supérieur (BTS) maritime pêche et gestion de l’environnement marin peut l’agréger comme officier mécanicien. Enfin, une année supplémentaire (BAC +3) permet d’accéder au rang de capitaine de pêche (patron pêcheur).
Cette ultime année valide les aptitudes aux temps de navigation, l’usage des tableaux de bords et des sonars pour accéder aux commandes des plus grosses unités de pêche.